Les couleurs du temps


I - Analyse détaillée du secteur


Le secteur géographique est constitué intégralement de logements sociaux. Après observation des différents logements sociaux, nous avons pu distinguer deux types de bâtis conçus à des époques différentes.

                                                                                                                  

Les premiers types de bâtis sont des barres d’immeubles. Il s’agit de bâtiments construits en longueur et haut de 3 voire 4 étages. Étant dans une commune périurbaine, le but de ce type de bâti est de loger un maximum de personnes tout en occupant tout l’espace disponible. Au vu de l’état de ces immeubles, ceux-ci datent des années 1970-1980. Leur âge est déduit en fonction de l’état des façades, dépourvues de couleurs ne montrant que le gris du béton. Certaines façades sont jonchées de craquelure.

                

Le second type de bâti lui est visiblement plus récent. Celui-ci a pour but de rendre au quartier une image plus conviviale en cassant certains codes de l’aménagement classique. Ici les bâtiments ne sont pas aménagés en ligne mais le long d’une courbe. Cela permet de favoriser le contact avec les autres résidents en sortant ou rentrant chez soi. Pour accentuer le coté convivial, les bâtis sont haut de 3 étages uniquement, tous munis de grands balcons. Les bâtiments sont peints avec des couleurs chaudes (rouges, oranges et beiges principalement). En face de ces appartements, se trouve un parc relativement grand, idéal pour le bien être de chacun et aussi pouvant faire office de lieu de rencontre entre les individus.                                                                                                                                    

Les voies de communication sont particulièrement faciles d’accès et très praticables. Les routes sont assez larges permettant une circulation aisée. Un parking a été aménagé entre les immeubles, afin d’éviter de créer des places de parking aux bords des routes. Même avec des voies de circulation facilement accessibles, la mobilité douce prime sur tous les autres moyens de transport dans la zone. En effet, avec l’arrivée du second type de bâti, une zone a été pensée de manière à inciter les individus à se promener, à contempler les rues et à visiter le parc.                                                                                 

Cependant, la municipalité ne désirant pas mêler les barres d’immeubles, particulièrement anciens et quelques  peu délabrées, avec les nouveaux logements sociaux. Ceux-ci ont décidé de trouver un moyen de faire la transition entre ces deux espaces.                                                                                                         

Cela s’est fait d’une part en faisant en sorte que les nouveaux logements sociaux « tournent le dos » aux anciens logements sociaux. Par ailleurs, des arbres ont été plantés afin de les cacher un maximum. Ainsi la transition entre les différentes zones d’habitation se fait naturellement et sans changement d’environnement brusque.

II - Les transitions entre le secteur étudié et les autres adjacents

Ce secteur se trouve aux confins d’une forêt, d’écoles, de commerces et de la mairie. Il est idéalement placé afin de permettre aux gens d'avoir accès à des services de proximité. De plus, la présence d’arrêts de bus et donc d’une ligne de bus à proximité permet les déplacements vers la ville du Mans ou d’autres endroits d’Allonnes tels que la piscine, le lycée, etc.                                                                                                                                       

La circulation dans le quartier s’effectue de manière pendulaire. En général, il y a de la circulation le matin pour les gens qui partent au travail, et le soir à l’heure de la fin des cours car le quartier est entouré d’écoles, de même aux heures habituelles de fin de travail, avec le retour au domicile des travailleurs.                                               

Dans l'ensemble, le bâti est homogène, tout du moins dans son usage. En effet, ce quartier est une sorte de “cité dortoir”. Tous les habitats sont collectifs, avec notamment la présence de trois barres d’immeubles semblables, mais aussi des habitats collectifs plus récents, ceux-ci ont été réhabilités en 2011. Les trois barres d'immeubles étaient jusqu'en 2003 une seule et même barre. La séparation a permis de créer deux nouvelles routes et un nouveau plan de circulation dans le quartier, permettant la fluidité du trafic routier. Là où les matériaux utilisés pour les barres sont typiques des années 70 avec un enduit plutôt blanc (bien que restauré entre temps), les habitats collectifs situés rue du Bois Marshain sont plus variés. On y retrouve du bois, de l’enduit blanc, et même des murs rouges, l’ensemble donnant un aspect chaleureux et plus moderne. Les matériaux s’intègrent au paysage environnant.

 

 

 

Ce quartier, de par sa proximité avec le centre d’Allonnes et la bonne desserte des routes, est plutôt ouvert sur la ville. Dans le même temps, il est physiquement plus tourné vers la forêt. Cette même forêt et les arbres à l’intérieur du quartier servent de transition entre la nature et la ville et favorise de ce fait les mobilités douces. Comme exposé dans le schéma suivant :

III- Etude diachronique

L'histoire de ce quartier est intimement liée à l'histoire d'Allonnes. Après la seconde guerre mondiale, la France était détruite par les années de guerre. Pour la reconstruire (physiquement et économiquement), il a fallu faire appel à des immigrés (souvent d’Afrique du nord, ou du Portugal). Dans le même temps, il y a eu un phénomène d'exode rural en France. Lors des années soixante, Allonnes s'est révélée être idéalement placée pour permettre la construction de nombreux immeubles à proximité du Mans. Des entreprises telles que Renault employaient dans les années suivantes près de douze mille personnes au Mans. Allonnes était alors "une ville dortoir" où de nombreuses familles vivaient. La morphologies de la ville a changé radicalement lors de cette période.

 

Nous avons donc réalisé une étude diachronique pour illustrer les changements du paysage. Nous nous sommes référés au mémoire de Master de Maxime Pottier (Le Mans-Université). Nous avons notamment analysé les photographies aériennes présentes dans ce mémoire pour expliquer l’évolution du secteur étudié entre 1951 et 2014.

 

Après la seconde guerre mondiale, en 1951, Allonnes est encore une commune rurale de 1238 habitants. De 1951 à 1966, il y a un grand changement. La population augmente fortement et arrive au seuil de 10 000 habitants. C’est le développement des premiers bâtis dans le secteur étudié dont notamment les grands ensembles (barre d’immeuble). En 1978, le bâti devient de plus en plus présent dans l'ensemble de toute la ville, dont de nouveaux grands ensembles dans le secteur étudié. En 2005, des logements collectifs plus modernes voient le jour dans le secteur et s’ajoutent donc au paysage urbain de la ville. A la suite d’une étude de l’ANR sur les zones sensibles, les barres d’immeubles sont alors classées comme faisant parties du patrimoine HLM de la ville. En 2014, le secteur n’a pas connu de transformations majeures depuis 2005, sauf quelques rénovations d’anciens bâtiments.

 

In fine, en 1951, le secteur était inhabité, les champs recouvraient la totalité de cette partie de la future ville. Cette étude diachronique sur une période pluridécennale nous permet de bien observer les changements radicaux qu’Allonnes a conu. On s’aperçoit ici que le village d’Allonnes s’est transformé en une véritable ville à part entière.

IV -Dimension sociale du secteur

Ce secteur situé à côté de la salle Jean Carmet  revêt plusieurs usages. Le premier usage est bien entendu l'habitat car en effet cette zone présente de nombreux HLM ainsi qu’une petite zone résidentielle créée récemment. Par conséquent les habitants y sont nombreux. Les interactions entre voisins en sont facilitées, notamment entre les jeunes du quartier. Ensuite la présence d’un petit parc avec des jeux en pleine air favorise la rencontre entre parents mais également entre enfants. 

 

Le secteur est exclusivement fréquenté par les riverains et quelques familles qui souhaitent se retrouver au parc avec les enfants.  Il est constaté que  cet espace est plus emprunté en début et en fin de journée lorsque les habitants se rendent ou rentrent du travail. Aussi, les mercredi après-midi et les weekends sont des moments où les familles se trouvent dans le parc afin que leurs enfants jouent.                                                                

Cette zone est partiellement appréciée car bien que des efforts d’aménagement aient été réalisés pour la petite zone résidentielle,  la présence des HLM divise un peu l'avis des riverains. Certains considèrent que le quartier est mal fréquenté. Toutefois, les habitants sont satisfaits des récentes modifications apportées à l’espace. Pour l'avenir, ils souhaiteraient que celui-ci soit mieux aménagé et présente davantage d’espaces verts. Des habitants estiment que les capacités du parc sont mal exploitées et qu'il pourrait être mieux aménagé.

               

V- Compte rendu de la sortie

Vendredi 1er décembre 2017, une sortie pédagogique était organisée pour les élèves du collège Kennedy en collaboration avec le Mans-Université. Aussi, la classe de L2 géographie a été chargée, par groupe de quatre étudiants, de présenter un quartier de la ville d'Allonnes.

Notre groupe est arrivé dans le parc devant les résidences Rue Bois Marshain. C'est le lieu que nous avions choisi pour accueillir les enfants.

Nous avons accueilli le premier groupe de collégiens. Après les présentations, nous avons fait passer un questionnaire dans lequel nous leur avons demandé des informations très générales sur l'endroit que nous leur proposions d'étudier. Ainsi les enfants nous ont fait part de leurs ressentis sur le secteur dans lequel nous nous trouvions. D'ailleurs, certains y vivaient mais ne connaissaient pas toute l'histoire du quartier.

A la suite de cette prise de contact, nous avons relaté l'histoire du quartier et de la ville d'Allonnes. Nous avons aussi expliqué les termes qui pouvaient poser des problèmes de compréhension comme "exode rural". Pour notre plus grand plaisir, les élèves qui étaient un peu timides au premier abord se sont révélés intéressés par notre présentation et n'ont pas hésité pas à nous poser des questions.

 

Puis, nous avons organisé pour les élèves une chasse aux trésors dans le parc. Divisé en trois groupes, ils devaient retrouver des feuilles marquées par une couleur (une différente pour chacun des groupes). Sur chacune de ces feuilles, se trouvait une photographie représentant un espace urbain particulier (immeubles, sentier, parc, parking et habitations réhabilitées). De plus, des questions étaient posées en relation avec les photographies. Cet exercice a amené les élèves à réfléchir sur les différents usages de ces espaces urbains. A la fin de cette chasse aux trésors, nous leur avons expliqué alors ces usages en utilisant leurs réponses comme base de réflexion.

 

Toutefois, nous nous sommes attardés un peu trop sur les explications. Cela a modifié le contenu de notre séance. En effet, nous n'avons pas pu organiser la deuxième activité prévue. Les enfants devaient imaginer et dessiner le quartier et les aménagements qu'ils aimeraient voir dans le futur. Comme nous ne disposions pas du temps nécessaire pour le faire, nous avons décidé de leur poser la question sur ce sujet à l'oral. Que se soit dans le premier ou second groupe de collégiens, nous avons recueilli des avis différents. Par exemple, des enfants ont émis l'idée de raser le parc pour construire plus de bâtiments modernes. Ils souhaitent des bâtiments surtout publics dans lesquels les résidents du quartier pourraient se rencontrer et ce quelque soit les âges (bibliothèques, city-stade...). A contrario, d'autres élèves qui pensaient surtout à amener plus de nature dans le quartier et moins de bâti.

Le second groupe de collégiens que nous avons reçu a également bien participé. Les élèves ont apporté des réponses très intéressantes à presque toutes les questions que nous leur avons posées. De plus nous avons mieux géré notre temps, cela nous a permis d' effectuer la deuxième activité (la représentation du futur quartier par le dessin).

 

Pour conclure, cette expérience était très enrichissante, à la fois pour les élèves de 6ème dont nous nous sommes occupés et pour nous. A travers leurs avis et réflexions, nous avons découvert des possibilités d'aménagements du territoire que nous n'imaginions pas comme la création d'un étang dans le parc.  

Dessin d'un élève représentant le quartier dans le futur
Dessin d'un élève représentant le quartier dans le futur

Les auteurs : Manon THOMAS, Zélie FERNANDES, Laurianne CHERRE, Claire RIBEMONT, Jade PORON, Lisa ROUSSEAU, Lou MOTTAIS, Bastien GENTIL, Touma NOURDINE, Marcie DUBOIS, Victor MUSSARD, Mustapha OUASLAM, Farid ATSI, Guillaume PAREILLE, Benjamin THOMAS, Thomas TRIQUET, Brandon GARREAU, Quentin GUETTIER, Valentin COUZYN, Timothée POUPELIN, Aboubacar NAHLA, Pascaline ANDREA, Alexis BARBIER, Ounloumidine ABDOU CHAKOUR, Alexandre LETOUZEY, Clovis SUDRE, Brice VERNEAU

Les encadrants : Marine Audebert, Professeure Certifiée en Histoire-Géographie  / Caroline Guittet, docteure en géographie

Les institutions : Collège Kennedy à Allonnes / Le Mans-Université